AC Cobra 427 : le mythe absolu

AC Cobra 427 : le mythe absolu

 

 

Le cocktail concocté par Carroll Shelby au début des années 1960 demeure une machine à fabriquer des sensations sans pareille. La preuve volant en main.

Une légende entre toutes, l'AC Cobra est sans aucun doute la voiture qui fait le plus rêver les amateurs de sensations pimentées. Mais c'est aussi un pan de l'histoire sportive des années 1960.

Une légende entre toutes, l'AC Cobra est sans aucun doute la voiture qui fait le plus rêver les amateurs de sensations pimentées. Mais c'est aussi un pan de l'histoire sportive des années 1960.

NOS VOITURES CULTES Installer un gros V8 américain gorgé de couple dans un frêle châssis de roadster anglais, c'est l'idée folle qui germa dans le cerveau du pilote texan Carroll Shelby. Le résultat est l'une des voitures de sport les plus fascinantes et les plus célèbres de l'histoire. Car, certainement, l'une des plus exigeantes à conduire. Dotée de performances à couper le souffle, la Cobra a su, en son temps, en remontrer aux Ferrari, offrant même à son créateur le titre de champion du monde des constructeurs, catégorie GT.

Guère plus d'un millier d'exemplaires de la version originale furent construits entre 1962 et 1966, dont seulement 350 du type 427 à moteur 7 litres, celui qui alimente tous les fantasmes, car réputé indomptable. Preuve de son aura, la Cobra est aussi l'une des voitures les plus répliquées de l'histoire, avec près de 150 copies, plus ou moins fidèles, recensées à ce jour.

Un peu d'histoire...

D'un côté, en Angleterre, il y a AC, la plus ancienne marque automobile britannique. Elle appartient aux frères Hurlock qui, au début des années 1950, rachètent à John Tojeiro, un Anglais d'origine portugaise, le droit de produire en série la très belle voiture que celui-ci a dessinée en s'inspirant de la fameuse Ferrari 166 Barchetta. Équipée d'un moteur Bristol de 2 litres, elle devient l'AC Bristol.

De l'autre côté, aux États-Unis, il y a Carroll Shelby. Un pilote renommé qui, après avoir remporté les 24 Heures du Mans en 1959 avec une Aston Martin DBR en compagnie de Roy Salvadori, se voit contraint d'abandonner la compétition à cause de problèmes cardiaques. Il se tourne alors vers la construction de voitures de sport avec, pour objectif, de damer le pion à Ferrari.

Présentée au Salon de New York, en avril 1962, la première Cobra est dotée d'un V8 de 260 cubic inches (4,2 litres). Porté à 289 ci (4,7 litres) dès l'année suivante, il est doublé en 1965 d'une version "big block" 427 ci (7 litres). La puissance proposée passe ainsi de 270 à 420 ch.

... Et histoire de sous

La Cobra 427 étant l'un des modèles les plus recherchés par les collectionneurs, un original se négocie aujourd'hui autour d'un million d'euros, voire jusqu'à deux s'il peut justifier d'un palmarès en course. Bien qu'achetée aux États-Unis avec une carte grise indiquant 1966, la voiture dont Olivier nous confie le volant ne fait, hélas, pas partie de ce gratin. Entrant plus probablement dans la catégorie de ce que l'on appelle les "continuations", c'est toutefois une copie conforme à l'original. Il s'en fabrique encore de nombreuses aujourd'hui, un peu partout dans le monde. Compter environ 50 000 euros pour un châssis complet de qualité livré en kit, auquel il convient, bien sûr, d'adjoindre le moteur et la boîte, si possible d'origine, à savoir respectivement un Ford 427 FE (fabriqué jusqu'en 1976) et une Borg Warner quatre vitesses.

Effet boeuf

Avant même d'en prendre le volant, la Cobra vous renverse déjà les sens. Peu de voitures, en effet, dégagent à l'arrêt une telle bestialité, une telle impression de puissance. Bouche béante, prête à dévorer le bitume, long capot galbé, ailes bodybuildées, tout indique que l'on a affaire à une bête sauvage qui n'attend que le moment de bondir sur sa proie. La mise en route du moteur le confirme sans ambiguïté. Dès le ralenti, le big block, dont le râle rauque est retransmis sans sourdine par les échappements débouchant sur les flancs, vous flanque immanquablement la chair de poule.

 

 

 

 

 

 

 

 

Venimeuse

Après avoir laborieusement bouclé un harnais de sécurité d'un autre âge, on comprend, dès les premières centaines de mètres, que c'est à une remontée dans le temps que ce roadster nous invite. On est prié d'oublier toute notion de confort moderne pour goûter au charme inimitable d'un vrai pilotage à l'ancienne. Une conduite que l'on peut qualifier d'homme, sans faire preuve de machisme. Et pour cause : rien ici n'est assisté. Pas plus la direction que les freins. Quant aux aides à la conduite... Un robuste autobloquant, un peu de sensibilité dans le pied droit et roule ma poule. Du brut, du brutal, on vous dit !

On se retrousse donc les manches pour tourner le volant, on se met debout sur la pédale pour débrayer et on décompose bien le passage des vitesses. À se demander si l'on n'est pas aux commandes d'un bon vieux camion GMC. Enfin, jusqu'à ce que l'on ait l'occasion de titiller un peu l'accélérateur. Parce que là ça tient plus de la catapulte que du simple coup de pied aux fesses. Avec les échappements qui vous hurlent dans les oreilles, l'impression n'en est que plus déchirante.

La suspension indépendante et les gros boudins ont beau assurer une motricité convenable, en l'absence d'anti-patinage, mieux vaut avoir les roues à peu près droites quand on écrase le champignon. D'autant qu'avec quelques tours de volant de butée en butée et une direction dure comme un jour sans pain le contre-braquage n'est jamais une affaire gagnée d'avance.

Les jambes complètement déportées sur le côté pour laisser la place à l'énorme boîte de vitesses, les tympans vrillés par le bruit et la nuque tétanisée par de violents courants d'air, on réalise que la conduite d'une Cobra, ça se mérite vraiment. C'est probablement pour ça que c'est si bon!

Sous le capot de la Cobra 427


Cylindrée : 6 997 cm3
Type : V8 atmo culbuté
Puissance : 420 ch à 5 400 tr/min
Couple : 650 Nm
Transmission : aux roues arrière
Boîte: manuelle à 4 rapports
Dimensions (L/l/h) : 3 962 × 1 727 × 1245 mm
Poids : 1 150 kg (2,70 kg/ch)
0-100 km/h : 4,2 s
Vitesse : 266 km/h
Consommation : mini 19 l
Prix: 7 495 dollars... en 1965
Site web: www.cobraclubfrance.com

La Cobra et la course

Dès 1963, la Cobra s'illustra en compétition sur les circuits américains en s'imposant notamment à la Corvette. Mais l'obsession de Carroll Shelby, c'était de battre Ferrari. Son roadster manquant de vitesse de pointe pour espérer concurrencer la 250 GTO dans la catégorie GT des grandes épreuves internationales, il entreprit donc de construire un coupé sur la même base. Six exemplaires de cette Cobra Daytona, dont la superbe carrosserie avait été dessinée par Peter Brock, furent ainsi produits entre 1964 et 1965. Le coupé Daytona remporta plusieurs grandes classiques de 12 et 24 heures et fut couronné champion du monde GT en 1965.